Plotter station, workshops série
Open Source Publishing (OSP) est un collectif de designers qui décrit son objectif comme étant de “diffuser la culture du Libre et de l’Open Source à Bruxelles et à l’international”, nous œuvrons à la réalisation de ces objectifs à travers trois axes : pédagogie, recherche et design graphique. Depuis 2006, nous avons développé une pratique mixte de recherche artistique et de workshops, mais principalement de projets de design sur commande. En tant que collectif, nous ressentons actuellement le désir d’accroître le rôle de la recherche et des projets auto-initiés.
Avec cette application, nous souhaitons mettre en route le développement d’une “plotter station”, station de traçage, un projet qui nous fournit un contexte pour développer l'expérimentation artistique, déplier les questions esthétiques liées à nos pratiques et performer l'impression. L’installation permettra de sensibiliser et d’accueillir un public en organisant des événements publics tels que des ateliers, résidences et performances, en partageant les connaissances et en donnant accès à nos outils, à la fois matériels et logiciels.
Description de l’intention artistique
Parcours d'OSP
Notre pratique a commencé comme une expérience en 2006 avec la question : peut-on faire du graphisme professionnel en utilisant des outils open source ? Cette question est devenue urgente suite au rachat de Macromedia par Adobe, prenant le monopole sur le marché des logiciels de création. Près de 17 ans plus tard, alors que des outils concurrents ont vu le jour, Adobe maintient cependant de main de fer une présence dans la pratique du graphisme et dans l’enseignement des arts, en poussant les étudiant·es à croire qu’être créatif commence par un abonnement au Creative Cloud.
Au cours de ces 17 années, notre pratique est passée d’une question sur la possibilité d’utiliser des outils open source à une question sur la manière dont une telle pratique se différencie. Grâce à notre travail, nous avons appris à connaître nos outils plus intimement, nous avons rencontré les fabricants de ces outils, nous avons exploré les normes sous-jacentes et les institutions qui régissent ces standards. Nous pensons qu’OSP ajoute une voix importante au paysage du design (numérique) (graphique). Une voix qui questionne les normes, la résilience, en invitant les designers à prendre leurs outils en main. Avec la plotter station que nous proposons, nous voulons renforcer cette voix et la rendre plus accessible, afin de disséminer davantage notre expérience et nos connaissances dans le paysage bruxellois, belge et européen.
Ces dernières années, nous avons souvent utilisé des plotters dans notre pratique. Un plotter ou traceur est une machine à dessiner mécanique utilisant des stylos “communs”. Développée dans les années 70 et 80 elle est utilisée à l’époque pour des impressions grand format de plans d’architecture, de dessins DAO ou de graphiques d’entreprise. Elles sont contrôlées par un ordinateur au moyen d'un langage d’une simplicité séduisante, le HPGL, qui décrit le mouvement des stylos. Bien que les traceurs de découpe contemporains soient basés sur ces mêmes machines, la lenteur, le coût d’utilisation et les imprimantes à jet d’encre grand format ont rendu ces premiers traceurs obsolètes. Mais c’est justement cette lenteur et ce mouvement performatif qui les rendent empathiques. Alors que leur simplicité permet une appropriation facile, leur mouvement non optimisé et répétitif donne un aperçu des commandes qu’ils reçoivent de l’ordinateur. Comme un traceur dessine avec un stylo, il dessine des lignes plutôt que des aplats, la forme de ces lignes est influencée par le stylo, son épaisseur, son angle et l’encre. Les traceurs et leurs gestuelles produisent aussi en ensemble de sons, autres voix potentielles pour entrer en dialogue. Pour toutes ces raisons ce sont d’excellents compagnons pour nos recherches.
Une sélection de projets que nous avons réalisés peut témoigner de notre expertise en rapport avec le projet :
Dans la publication Drawing Curved, nous avons étudié les courbes vectorielles, leur fonctionnement interne, mais aussi leurs origines : Qui les a créées ? Dans quel but ? Nous avons rassemblé des histoires de courbes et de nœuds, d'angles et de tenseurs, basées sur la connaissance intime de décennies de pratique du dessin numérique.
La performance Up, Pen Down explore divers langages de programmation pour le dessin performatif et le mouvement scénarisé. Le traceur est un invité spécial de cette pièce expérimentale développée avec le Théâtre Balsamine.
La présentation sur les polices de caractères “stroke” à l'occasion des Libre Graphic Meetings de 2020.
Pour l’identité du thêatre la Balsamine, saison 2014-2015, nous avons testé une grande variété de techniques (expérimentales) de tramage, d'outils existants, commandés à d'autres ou développées par nous-mêmes. Nous nous sommes intéressés par l'esthétique spécifique qui résulte du croisement des outils, de l'efficacité et de la virtuosité.
Le partage des connaissances joue un rôle important dans notre pratique, notamment par le biais d’ateliers et de performances. Nous avons pratiqué pendant plusieurs années de ce que nous avions appelé des “print parties”. Des soirées performatives rejouant le processus créatif de certains projets à travers les outils utilisés. Ces soirées se déroulaient en préparant de la nourriture tout en dépliant simultanément une recette de design: Comment faire l'imposition d'un livret de 16 pages en lignes de commandes? Comment faire chanter un ordinateur par la pratique du dessin digital? À la fin de la performance l'audience pouvaient s'approprier l'artefact produit par la recette (livret, poster, son, textile imprimé, etc). Les “print parties” avaient pour but de partager la joie de notre pratiques dans une intimité. Elle nous permettaient également d'ouvrir la question des licences via la métaphore de la recette, qui ne peut pas être protégée, seulement gardée secrète. La plotter station installera ici le cadre pour donner suite aux “print parties” avec des “plotter-print-party”.
Ces moments publics nous donnent l’occasion de partager notre expérience avec un public plus large et d’ouvrir les recherches. En 2013 déjà, nous avons organisé l’ école d’été Relearn où nous avons invité les participant·es à contribuer activement et à partager leur savoir(faire) et engouement, une tentative de remettre en question les modèles traditionnels et hiérarchiques de l'éducation.
Lors d’une série d’ateliers Metapost, nous avons utilisé le langage Metapost pour dessiner collectivement une police de caractères avec les participant·es. Pendant l’atelier, un traceur a dessiné les glyphes individuels sous forme d’instantanés. Cela a ajouté une qualité performative et réintroduit la pratique de l’écriture.
Pour Colorlab, nous avons utilisé des traceurs pour dessiner avec des encres fabriquées à partir de matériaux organiques en utilisant des marqueurs rechargeables et un adaptateur de stylo fait sur mesure. Nous nous sommes intéressés aux contrastex entre les couleurs organiques et les mouvements mécaniques mais vifs du traceur.
Récemment, nous avons utilisé des traceurs pour dessiner des affiches dans le cadre du projet de recherche Caveat Emptor, ainsi que pour illustrer des articles du média Médor. Les illustrations jouent avec l'intense bidimensionnalité de la technique du dessin, sa ligne continue et une série de représentations tridimensionnelles, jouant avec l'échelle, la résolution et la profondeur.
Nous sommes enthousiasmés par le potentiel des traceurs à stylos en tant que machines de production, outils pédagogiques et portes d’entrée dans notre pratique. C’est pourquoi nous les avons placés au centre (symbolique) de la proposition.
En 2022, plusieurs cohabitant·es ont quitté notre espace de travail partagé. Plutôt que d'immédiatement trouver de nouveaux locataires, nous avons décidé de jouer de l'opportunité de cet espace pour ré-installer les machines d’impression que nous avions collectées au fil du temps, ce qui s'est transformé en désir d'une station de traçage avec son propre caractère, sa propre histoire, et sa propre activité. Motivé·es par notre pratique du collectif, nous souhaitons développer cette station en une infrastructure publique nous permettant d’accueillir d’autres personnes qui utiliseront nos traceurs pour leur propre travaux (illustrateur·ices, auteur·ices, designers, typographes, hackers, et plein d'autres), d’offrir des résidences et d’organiser des ateliers pour un public plus large.
Notre proposition est motivée par la conviction collective qu'à travers des expériences spécifiques, OSP a accumulé des savoirs-faires singuliers et marginaux, qui méritent d'être partagés. L'intention étant de développer la station à travers une recherche artistique et technique basée sur notre propre pratique ou en sollicitant un réseau d’experts, ainsi que de la rendre disponible et de la diffuser à d’autres praticien·nes visuel·les à Bruxelles, en Belgique et à l’étranger.
Ces deux intentions - la manière dont le savoir technique d'OSP influence les pratiques et comment celui-ci est en retour nourri des usages - s’entrecroisent et se renforcent mutuellement, comme tend à le montrer le graphique suivant.
Des interfaces pour dessiner, façonnées par le dessin
Faire “un travail graphique professionnel utilisant uniquement des outils open-source” a rapidement signifié plier les outils (logiciels) existants et en créer de nouveaux. Pour OSP, la fabrication d’outils est autant un geste artistique que le travail produit en les utilisant. Ce lien d'intimité avec nos outils tente de rompre avec l’hégémonie des logiciels propriétaires normalisés, prenant en compte le fait qu'il n'y a pas qu'une seule manière de faire, et que nos outils reflètent déjà en eux-mêmes des formes graphiques et culturelles. Nous explorons ce qui devient possible avec une multiplicité d'approches (par exemple 16 histoires de cas et l’identité de Balsamine 2014-2015 mentionnée plus haut).
Outre les petites expériences, certains outils ont été réutilisés et pratiqués dans plusieurs projets artistiques et collectifs, leurs développements constants ont formé des pistes de recherche à part entière, parmi eux :
- HTML2Print : un écosystème constitué de scripts, d'un navigateur et de feuilles de styles, ayant participé à la mise en place de la scène de publication alternative dite Web2Print, depuis 2012. Le Web2print est une méthode de conception de la publication, utilisant des normes et des outils web tels que HTML, CSS et un navigateur web. L’initiative Pre Post Print montre que cette approche fait partie d’un écosystème qui croise les pratiques numériques des designers travaillant en Belgique, aux Pays-Bas, en France et en Allemagne.
- Ethertoff : un outil de publication collaborative et multiformat qui permet de créer des publications web et print dans le cadre de collaborations (a-)synchrones via Etherpad (éditeur collaboratif en ligne). Il est actuellement utilisé dans le cadre de projets de recherche collaborative divers. (Caveat, Seat for the sea, Oceanographies Institutes, L'Almanac 2024 de State of The Art, Futurology of Cooperation)
Parallèlement à ces outils, OSP mène des recherches sur le format de fichier pdf : les bogues de nos outils expérimentaux et de nos flux de travail nous ont obligé·es à l’étudier de près et à développer une boîte à outils pour éditer, manipuler et convertir les PDFs. Ce qui à éveillé une curiosité plus large, celle d’explorer les flux de travail de conception et d’impression sans pdf, du logiciel à l'impression.
Jusqu’à présent, nos outils sont essentiellement numériques (non physiques), et pour les rendre accessibles, nous avons appris combien il est important de soigner la conception de l’interface, la documentation et la qualité du code. La station de traçage est, premièrement, une pièce physique et située. Par analogie, elle nécessite une attention particulière dans sa scénographie et ses interactions physiques; c'est-à-dire avec les machines et le matériel autant qu’avec les personnes qui s’y trouvent.
En rendant cette interface accessible à des personnes extérieures, nous créons une nouvelle opportunité de redéfinir les outils et les pratiques du dessin, du graphisme et de l’édition d’une manière collective. En réunissant l’écriture au feutre sur le papier et l'écriture des langages du web, nous jetons un pont entre les pratiques analogiques et numériques dans une approche interdisciplinaire, nourrie et évoluant grâce aussi à nos interactions physiques dans le même espace.
Les pratiques façonnent les outils, les outils façonnent les pratiques
Les projets de recherche mentionnés précédemment, tels que les polices de caractère “single line” et la publication sans pdf, comportent une dimension politique intrinsèque qui coïncide avec l’idéologie d’OSP. Si cette dimension du projet résonne avec la technique et l’artisanat, elle ne s’adresse parfois qu’à une certaine partie des utilisateur·ices : celleux qui sont déjà initiés, habitués à déconstruire leurs usages techniques, ou celleux pour qui l’usage constitue une recherche en soi. Il nous semble fondamental de faire en sorte que le versant technique de la station de traçage reste subversif et soit autorisé à devenir plus précis. Mais plus encore, une technologie devient politique par son usage.
Une question se pose alors : comment rendre ces travaux à la fois accessibles et significatifs pour les personnes qui ne fondent pas leurs pratiques sur l’acte de déconstruction des usages techniques. Si d'un côté, la recherche d’OSP propose une plongée pédagogique dans ces subtilités numériques, une autre facette importante se reflète dans la curation et le partage de méthodes alternatives de publication.
C’est cette volonté qu’OSP a souvent cristallisé dans sa phrase “Les pratiques façonnent les outils, les outils façonnent les pratiques”. Il devient évident qu’une dimension de ce projet concerne non seulement les outils mais aussi la curation et l’accessibilité de certaines pratiques, d’où une nécessité d’inviter, de guider et faire avec les non-initié·es. Ce nouveau côté du projet entrelace des voies sociales, politiques, économiques et pédagogiques.
On peut ici se référer aux notions d'art fonctionnel et la question de désactiver certains éléments de la fonction esthétique de l'art. Expliciter tous les processus comme le fait volontairement OSP, n'est pas un abaissement de la poétique mais l'inverse en le rendant sensible par son côté fonctionnel. En le dés-individualisant et en le rendant plus difficile à capturer par le marché. D'où la nécessité pour ce projet d'être financé par le public.
- A qui servent ces outils ? Quelles connaissances sont nécessaires, qui a le privilège de les utiliser, comment pouvons-nous aller au-delà ?
- Comment les allers-retours entre le dessin à la main et le dessin vectoriel peuvent se nourrir l’un l’autre? Quelles esthétiques et imaginations cela crée?.
- Quels sont les sujets et les collectivités qui pourraient bénéficier de publier par le biais de ces méthodes alternatives (des types de dessins, des poésies, de textes)?
- Que provoque cette édition alternative sur le plan économique et matériel ? Quel est le prix, l’accessibilité et la diffusion de ces usages ?
La liste des résident·es invité·es, ainsi que leurs productions - c’est-à-dire l’apport externe activant l’installation - en font tout autant partie que la technicité de l’installation - les logiciels et les machines qui la composent, comme reflété dans le graphe précédent.
Par exemple, d’un point de vue scénographique, les matériaux produits (dessins, textes, etc.) sont affichés sur leur propre support, en étroite intimité avec la machine et le logiciel. Progressivement - à travers l’activation de la station - se constitue une archive d’usages.
Description de la méthode de travail de l’artiste et de la forme que prendra le projet
La scénographie du traceur comme contexte de l'impression performative
Scénographie
Les interfaces sont porteuses de sens. La manière dont les possibilités sont présentées influence leur utilisation. Les étapes du processus et les entrées doivent être délimitées pour être accessibles. L’invitation à la station de traçage s’adressant à divers profils de praticien·nes des arts visuels, notre priorité est l’accessibilité et la praticabilité de la station ainsi que l’imagination que l’installation elle-même peut générer.
Dans cette phase de conception, nous voulons concevoir la station de traçage comme une installation physique. La station doit être accueillante et ergonomique. Les différentes machines et outils doivent être prêts à l’emploi. La disposition des tables, des écrans et de la collection de stylos doit permettre à plusieurs personnes de travailler simultanément.
Documentation
La station de traçage rassemble différentes machines, dont beaucoup ont été produites dans les années 80. Leurs manuels en format papier ont parfois été perdus mais des PDFs en ligne peuvent être trouvés. Nous aimerions les rassembler et les rendre disponibles dans la station, si possible également en ligne. Parallèlement, nous souhaitons rédiger une documentation (readme) sur la manière dont les machines peuvent être utilisées avec les ordinateurs modernes.
Site web
Une page web servira de canal de communication pour la station de traçage. Elle donnera un aperçu des outils disponibles, des événements et des recherches. Cette page web servira de plan d’accès à la station, permettant aux futurs utilisateur·ices, aux participant·es des ateliers ou aux résident·es de se familiariser avec les outils et de préparer leur visite. Le site pourrait, dans une phase de production ultérieure, devenir l'espace de publication des recherches et des travaux réalisés par et dans la station.
Recherches artistiques
Configuration de l’ordinateur portable, du serveur et des interfaces web
Pour utiliser les traceurs, plusieurs programmes sont nécessaires. L’installation de ces programmes peut s’avérer difficile et constitue un obstacle à une utilisation occasionnelle. Pour rendre la station de traçage plus accessible, nous voulons installer un ordinateur portable avec ces outils préinstallés. Nous installerons également un petit serveur local (sur un Raspberry Pi) hébergeant des interfaces web permettant de tracer directement à partir d’un ordinateur portable, d’une tablette ou d’un téléphone sans avoir à installer de logiciel. Ces interfaces s’appuient sur des expériences et pratiques antérieures de traçage collectif et de programmation visuelle.
Conversations autour du programme de recherche et d’activités
Nous avons l’intention de mettre la station de traçage à disposition en tant qu’infrastructure et de développer des activités autour de trois axes :
- la recherche
- les ateliers, les soirées d’impression (print parties)
- les résidences
Pendant cette phase de conception, nous voulons prendre le temps de décider en tant que collectif ce que nous poursuivrons à développer dans la phase de production de la station de traçage et à organiser en tant que premières activités publiques de la station.
Collecte et archivage de travaux dessinés au traceur
Le dessin au traceur ne se résume pas à de simples lignes. La variété des traits, selon les outils utilisés, est vaste : plumes calligraphiques, craies, encres végétales. Les possibilités d’aplats, de remplissage et de tramage sont également infinies. Pour donner un aperçu des possibilités de la table traçante, nous aimerions rassembler des échantillons, produits par nous-mêmes et par d’autres personnes.
Activations
Réseaux d’utilisateurs, shoulder2shoulder
L’activation et les apprentissages communs autour de la station de traçage seront plus riches s’ils sont alimentés par un large éventail d’utilisateur·ices. L’objectif est d’atteindre différents publics : des illustrateur·ices aux dessinateur·ices de caractères, des amateur·ices de vecteurs numériques aux bricoleur·euses de techniques analogiques. Les pratiques liées au traçage “single line” pointent dans des directions différentes. Notre travail actuel nous a permis d’identifier des utilisateur·ices potentiel·les.
Comme certains membres d’OSP enseignent au sein de différentes écoles à Bruxelles (La Cambre, erg et le 75), nous sommes en contact avec un réseau d'écoles d'art européen. Dans ce cadre nous avons rencontré d'autres enseignant·es et étudiant·es intéressé·es par la typographie “single line”. À l’isdaT (Toulouse) par exemple le projet Relief-SingleLine et sa documentation a été publié. En fournissant des caractéristiques OpenType (qui prennent en charge les ligatures, les formes positionnelles, les alternatives et les substitutions de la police), les fonctionnalités de la création typographique contemporaine peuvent ajouter aux interfaces, rejoindre et étendre les possibilités artistiques au delà des usages qui sont ceux des Fablabs.
Nous sommes également étroitement lié·es au média Médor en tant que fondateur·ices et directeur·ices artistiques tournant·es, ce qui nous permet d'échanger régulièrement avec des auteur·ices visuels autour de leurs outils de dessin et de leurs relations avec la technologie numérique. Plusieurs de ces personnes s’intéressent à la question du dessin au trait notamment parce que ce sujet interroge de loin l’histoire du langage graphique issu de l’école belge de la bande dessinée, la ligne claire. Comment les allers-retours entre le dessin à la main et le dessin vectoriel peuvent se nourrir l’un l’autre? Quelles relations peut-on tenter avec les palettes graphiques ?
Code de conduite
Comme nous avons l’intention d’accueillir un public plus large, nous estimons qu’il est important de fournir un espace sûr et accueillant, avec des procédures claires pour gérer les éventuels moments de tension, de désaccord ou de conflit. Nous voulons le faire, entre autres, par le biais d’un code de conduite. Lors de cette phase de conception, nous souhaitons bénéficier de l’expérience d’organisations de notre réseau telles que le Meyboom artists run spaces, Constant vzw, Varia et Green Fabric pour comprendre (et en partie développer) les outils et l’infrastructure nécessaires pour fournir un espace ouvert, accueillant, sûr et résilient.
Workshop
Dans le cadre de cette phase de conception, nous voulons activer la station par le biais du site web, qui doit être développé, et d’un premier atelier test invitant un public large à la station. Nous avons l’intention d’accueillir à la fois des personnes qui découvrent les outils et langages de traçage ainsi que des personnes qui connaissent notre pratique ou qui ont déjà utilisé des traceurs.
Le bâtiment où nous sommes installé·es dispose d’espaces semi-publics partagés au rez-de-chaussée qui nous permettent d'organiser des événements publics (plus importants).
Licence
OSP publie tous ses travaux sous des licences libres et ouvertes. Cela permet à d’autres de poursuivre le travail. Dans la mesure du possible, les recherches et les travaux développés dans la station seront également publiés sous une licence libre et ouverte. Nous encourageons vivement les utilisateur·ices, les résident·s et les partenaires de la station à faire de même. Mais nous sommes conscients que pour certains cas, personnes ou pratiques, cela n’est pas souhaitable ou possible.
Description de l’expérience “utilisateur” et de la scénographie envisagée.
Le premier défi est de faire de la station de traçage un espace ou un objet à part entière. L’une des intentions artistiques étant de considérer ce multi-objet comme une interface où la forme entre en dialogue avec la fonction, une partie de la recherche conceptuelle sera consacrée à l’étude des possibilités scénographiques.
La station de traçage en tant que collection
Dans un premier temps, nous souhaitons faire l’inventaire de nos machines. Au-delà d’une simple liste, il s’agit également d’un travail de maintenance et d’archivage, en collectant les manuels et les readme’s comme expliqué plus haut. Ce catalogue aura une présence physique dans la station, mais sera également accessible en ligne.
Voici un aperçu du matériel de la station :
les traceurs (avec une taille d’impression allant jusqu'au format A0)
- Roland DXY-1100 (jusqu’au format A3)
- Roland DXY-1200 (jusqu’au format A3)
- Roland DPX-3500 (jusqu’au format A1)
- HP 7550A (jusqu’au format A3)
- HP draft Master II (jusqu’au format A0)
et les autres outils qui la complètent :
- OKI C830, Imprimante laser, couleur, A3
- Une collection de stylos adaptés aux traceurs, stylos Stabilo avec adaptateur, incluant des métallisés, des fluos, de différents diamètres, des stylos de typographie angulaires
- Deux découpeuses vinyle Silhouette Caméo (Silhouette Caméo 3)
- Petites imprimantes thermiques x 3 (Citizen CBM-1000, impression thermique directe, 150mm/sec, 203 dpi x 203 dpi, monochrome)
- Scanner A3,
- vidéoprojecteur,
- papier et échantillons de couleurs
Références artistiques
Notre intention est de donner une place à cette collection d’une manière significative, une manière qui parle de ces machines et de leurs possibilités de connexion, ainsi que part une scénographie poétiques qui réflete usages et politiques.
Expérience d'oeuvre installé
Au sein d'OSP, plusieurs membres ont une pratique de l'installation qui mêle technologie et design.
La station de traçage en tant qu’infrastructure multi-accès
Nous envisageons de pousser l’analogie de la gare (ferroviaire) et souhaitons que la station de traçage offre de multiples voies d’accès par le biais de différentes plates-formes. Chaque plateforme servirait de mode d’accès différent. Par exemple :
- pour les non-initiés, une interface web conviviale qui permet de télécharger un fichier svg pour le tracer ;
- pour les initiés, une documentation et la possibilité de se connecter en ligne de commande ;
- pour les plus curieux·ses, une interface de codage visuel modulaire basée sur un principe de blocs de code (blockly).
L’un des objectifs est de rendre ces plates-formes à la fois accessibles et visibles : en montrant leurs éléments, en les signalant, en les étiquetant et en les documentant ; Dans le cadre de l’installation, cela permettra de faciliter les interactions et la conservation des résidences.
Positionnement artistique numérique
Comme nous l'avons décrit précédemment, nous reconnaissons l'existence d'une relation étroite entre les outils et la pratique. Les outils sont conçus et fabriqués pour faciliter les pratiques, et ce qui est facilité sera utilisé plus souvent. Vous trouverez ci-dessous quelque un·es des projets références ou connexions au projet.
Constant - “Constant est une association à but non lucratif active dans les domaines de l'art, des médias et de la technologie. Constant développe, soutient, questionne et expérimente. Constant apprend, s'engage et pratique les féminismes.” Nous, OSP, avons commencé comme un projet au sein de Constant, et continuons à être nourris par la pratique de Constant. Dans le cadre de cette proposition, nous sommes particulièrement inspirés par leurs sessions de travail comme moyen de s'engager avec des artistes à travers l'Europe, par leur travail récent sur les conditions de travail collectives et par leur travail sur la licence “Conditions collectives de réutilisation”(CC4r).
Bye Bye Binary (BBB) - est une collective franco-belge, une expérimentation pédagogique, une communauté, un atelier de création typo-graphique variable, un réseau, une alliance. La collective propose d’explorer de nouvelles formes graphiques et typographiques adaptées à la langue française, notamment la création de glyphes (lettres, ligatures, points médians, éléments de liaison ou de symbiose) prenant pour point de départ, terrain d’expérimentation et sujet de recherche le langage et l’écriture inclusive et non-binaire. Inspiré par ces ateliers, et pour questionner les questions sociales urgentes à travers des exercices techniques précis, revendiquant l’espace dans les normes.
Varia - est un espace basé à Rotterdam qui développe des approches collectives de la technologie quotidienne. Nous sommes inspirés par leurs Party Lines, en tant qu’événements publics rassemblant des réseaux, mais aussi par leur travail de développement et de documentation de leurs infrastructures collectives et d’outils tels que octomode et logbot.
Chez Rosi (pttl) - Lieu de rencontre de nombreuses expressions minoritaires et/ou expérimentales, Chez Rosi associe l’attention portée aux techniques d’impression à l’attention portée aux voisins, aux groupes politiques et aux pratiques artistiques, pour produire des fanzines, des tracts militants, des faire-part de naissance et des éditions d’artistes. Chez Rosi est l’une des rares imprimeries à utiliser non seulement la risographie, mais aussi son prédécesseur mécanique, la miméographie. Ces deux techniques d’impression exigent un engagement étroit avec les machines et sont utilisées pour produire de petits tirages. La lenteur et l’intimité que la risographie et la miméographie introduisent sont adoptées par Chez Rosi comme une caractéristique sociale : elles transforment l’imprimerie en un espace de conversation et invitent tous les participants à s’impliquer étroitement dans le processus d’impression dans son ensemble. Nous sommes enthousiastes à l’idée des liens minutieux que Chez Rosi peut établir. Nous voyons également la possibilité de collaborer : Chez Rosi est dans sa dernière étape dépendant d’un logiciel propriétaire. Nous voulons explorer comment ils peuvent bénéficier d’outils Open Source dans leur processus, et, dans une étape ultérieure, comment nos outils et machines peuvent être utilisés dans un processus d’impression expérimental.
Green Fabric - La Green Fabric est un atelier dédié à la création qui propose un fablab textile, des ateliers créatifs, un coworking de créatrices et enfin une mercerie de seconde main. Nous apprécions l’espace qu’elles ont mis en place et l’accès qu’elles offrent à leurs outils. Nous les considérons également comme de futures collaboratrices pour expérimenter l’utilisation des outils de chacun.
Curseurs Journal - « Un nouveau périodique, pour réfléchir la société numérique. ». Le journal expose des sujets ardents avec une ouverture à un large public et la possibilité pour des étudiant·es d’expérimenter l’ensemble du processus de conception.
Ateliers du DK - Série de conférences organisées par TacTic asbl, nous apprécions le fait que les séries ouvrent des niches à un public plus large. Faire en sorte que les communautés se rencontrent.
Biographie des concepteur·ices
Einar Andersen (il) est un designer, développeur entre autres choses. Ces jours-ci, Einar travaille principalement sur la conception et le développement de sites web, mais il passe son temps libre à programmer de l’art génératif pour des traceurs, à explorer des flux de travail alternatifs pour la conception graphique et des claviers bizarres.
Amélie Dumont (elle) est graphiste, typographe et développeuse. Elle conçoit des outils personnalisés pour la publication de pages web et de supports imprimés et a également une pratique non-conventionnelle de la création de caractères. Amélie est également enseignante à l’erg et a de l’expérience dans l’animation d’ateliers web-to-print dans des écoles d’art.
Gijs de Heij (il) est graphiste, développeur et artiste. Au sein d’OSP, il travaille sur les processus de web-to-print et les plateformes de publication. Il s’intéresse également aux traceurs. Au sein du groupe de recherche Algolit, il travaille sur la littérature algorithmique.
Ludi Loiseau (elle) enseigne la typographie et les cultures numériques à l’erg. Elle est cofondatrice du méida d’investigation belge Médor où elle est tour à tour pilote visuel, metteuse en page et membre du conseil d’administration. En 2018, Ludi a co-initié le collectif Bye Bye Binary qui propose d’explorer de nouvelles formes graphiques et typographiques en prenant l’écriture inclusive comme terrain de recherche. Elle a récemment rejoint le collectif Poxcat qui soutient les soirées WMXMUSIC, les DJ mixes et les émissions de radio à Bruxelles.
Sarah Magnan (elle) est graphiste au sein d’OSP et participe à plusieurs pratiques collectives au sein d’autres collectifs à l’intersection entre féminisme, stratégies décoloniales, logiciels libres et outils de connaissance en ligne. Elle est co-fondatrice de Médor et de l’asbl féministe (irl et url) Just For The Record. Elle travaille à mi-temps à La Cambre ENSAV, accompagnant à une transition vers des outils open source, facilitant les pratiques de soins et d’inclusivité.
Doriane Timmermans (elle) est développeuse, designer et artiste, avec un intérêt particulier pour les CSS et l’artisanat de la conception avec le langage. Elle aime considérer les systèmes et les processus automatisés comme des médias sensibles. Elle aime créer des outils aux formes étranges qui remettent en question nos façons de faire.
Financement public
Les concepteurs et/ou les artistes associés ont-ils reçu des aides publiques ou des subventions au cours des deux dernières années ?
Ludi Loiseau coordonne un projet pour la collective Bye Bye Binary soutenue via une aide à la production de la Fédération Wallonie Bruxelles (13.540€).
Doriane coordonne le projet de recherche Declarations, autour du langage css, soutenu par le FRArt à hauteur de 49.084 €.
Gijs de Heij a reçu le support du FRArt en 2021-2022 en tant que chercheur au sein du projet Algoliterary Publishing House, à hauteur de 49.550€. Il a été soutenu par un subside de conception de la FWB en 2021 pour Michel, Cassandre, Google et les autres (titre provisoire), à hauteur de 4.950€.
Calendrier du projet
octobre 2023
- Scenographie de l'espace.
- Mise en pace d'un ordinateur dédié et serveur web.
novembre 2023
- Prototype d'une interface de dessin et de dialogue avec les différents plotters.
décembre 2023
- Design d'une site web répertoire des machines et outils associés.
- Collection des manuels et écriture d'une code de conduite.
janvier 2023
- Recherche et prise de contact avec les réseaux d'usagers.
- Construction d'un répertoire exemples des usages, possibles, méthodes et faires.
février 2023
- Conversations interne et curations des pistes de travail.
- Interview d'autres artisans et experts.
début mars 2023
- Premier workshop ouverts et avec invités.
Protection des droits
OSP publie tous ses travaux sous des licences libres et ouvertes. Notre travail est donc accessible oar toustes, il est peut être étudié, copié, remixé, republié par d'autres et participe à un écosystème permettant le partage de connaissances et le façonnage d'outils et de pratique comme décrit plus haut.
Documentation visuels
La documentation visuel demandé pour la soumission du dossier à été placée au sein de ce document afin de facilité sa lecture.
Colophon
Ce .pdf à été généré sur base d'outil libre et open-source. Son contenu est aspiré directement d'un etherpad, permettant l'écriture collaborative. Il est mis en page en HTML & CSS (web2print), la pagination est réalisée à l'aide de paged.js. La typographie utilise un procédé artisanal d'édition des stroke-font libres Hershey, afin de les redessiner avec une épaisseur de trait constante ou doublée, dans l'ensemble du document alors que le style de fonte ou sa taille change.